Troisième épisode des Français de l’étranger avec un focus sur Maxime Rouyer, formé aux Pygargues avant de s’envoler pour le Canada. Aujourd’hui aux BC Lions de Vancouver / Lions de la Colombie-Britannique (Canada), c’est au tour de Maxime, de nous raconte son aventure canadienne.
FFFA : Bonjour Maxime, avant tout, comment as-tu découvert le football ?
Maxime Rouyer : « J’ai découvert le football tard à 16 ans lorsque mes amis avec qui j’étais en cours ont commencé cette discipline. J’ai toujours fait du sport en grandissant, surtout du soccer et un peu de judo, donc j’ai suivi. Puis j’ai accroché avec la discipline. »
FFFA : Quel est ton club formateur ? Peux-tu nous raconter une anecdote ou belle histoire de ton club formateur ?
M.R. « Donc tout à commencer aux Pygargues de Troyes, mon club formateur. C’est là que j’ai appris les bases avec d’excellents coachs. Des gens avec un grand coeur qui nous encourageaient nous, les jeunes à se pousser physiquement et mentalement.
Un des mes meilleurs souvenirs est ma dernière saison en France avant de partir. Le club a eu l’occasion d’engager un coach du Canada : Sebastien Blanchette. C’est une saison où je suis vraiment tombé amoureux de ce sport, j’ai beaucoup appris de ce coach et c’est d’ailleurs lui qui m’a donné l’opportunité de partir pour le Canada la saison suivante. »
Maxime Rouyer #51 à l’université de McGill à Montréal
FFFA : Comment se sont passé tes premiers matchs de foot américain quand tu découvres le sport à 16 ans ?
M.R. « Mes premiers matchs en France, c’était un mélange de beaucoup d’émotions et je pense que ça c’est une des choses qui n’a jamais changé. L’excitation, le stress, le plaisir aussi. Au début, je jouais tout en apprenant les règles au fur et à mesure donc c’était une activité stimulante autant physiquement que mentalement.
J’ai eu la chance d’avoir un gros soutien de la part des anciens du club mais aussi de mes parents qui m’encourageaient à me pousser au-delà de mes limites. »
Maxime Rouyer à l’université de McGill à Montréal
FFFA : Quel parcours as-tu eu en France ? Puis à l’étranger avant d’arriver en CFL ?
M.R. « Mon parcours se résume comme suivant: 2 ans aux Pygargues de Troyes, ensuite j’ai eu l’opportunité de partir au Cégèp de Jonquière dans la province du Québec. J’ai aussi joué deux ans pour cette école avant d’obtenir un bourse d’études grâce au Football à l’Université McGill à Montréal. Après avoir obtenu un diplôme en éducation, j’ai été éligible pour participer à la première édition de la draft “global” en CFL. J’ai été drafté 4ème par les Elks d’Edmonton. »
Maxime Rouyer #35 aux Elks d’Edmonton / CFL
FFFA : As-tu déjà fait des rassemblements EDF (Junior ou Sénior) ?
M.R. « Non, malheureusement je n’ai jamais eu l’occasion de porter les couleurs de l’équipe de France. »
FFFA : Comment as-tu pu être repéré pour aller en CFL ? Combine ?
M.R. « Je pense que j’ai été repéré pour participer au combine CFL, parce que j’évoluais dans le championnat de la RSEQ qui est une des conférences de Football au Canada. Les recruteurs de chaque équipe de la CFL observent de près les matchs universitaires avant de trouver les meilleurs canadiens. J’ai eu la chance d’avoir un rôle important dans la défense et les unités spéciales à McGill ce qui m’a donné de la visibilité. »
Maxime Rouyer au CFL Combine
FFFA : Avant de l’intégrer, comment percevait tu cette ligue ?
M.R. « En pratiquant un sport au niveau universitaire, la plupart des gens cherchent à aller au prochain niveau. Et le prochain niveau pour moi c’était d’arriver à devenir professionnel. Sachant que tout au long de mon parcours universitaire, je savais qu’il y avait vraiment peu de chances qu’on me donne une opportunité mais j’ai continué de travailler pour n’avoir aucun regret. La CFL est une grosse ligue au Canada, c’est la deuxième ligue de Football professionnel dans le monde. »
FFFA : Comment s’est passée ton intégration dans la CFL ?
M.R. « Mon intégration lors de ma première année c’est très bien passée. J’ai eu la chance de tomber sur une organisation qui a décidé de me faire confiance dès le début. Après les 3 semaines de camps, j’ai réussi à faire partir du roster des joueurs actifs, c’est là que j’ai commencé à prendre conscience que j’étais capable de jouer au plus haut niveau. »
FFFA : Peux-tu nous parler des différences entre les deux championnats ?
M.R. « La différence majeure entre la CFL et le championnat français, c’est vraiment la culture. La CFL est un monument du sport Canadien et dans le monde du football américain, la ligue existe depuis plus de 60 ans. Les moyens mis en place ainsi que le budget de la ligue n’ont rien à voir avec ce qu’on a en France à l’heure actuelle.
Pour ce qui est de la différence en matière de football, la qualité et l’expérience du coaching, le talent et le développement des joueurs, mais aussi la compréhension du jeu sont des éléments qui crée un monde de différence. »
Maxime Rouyer #32 aux BC Lions / CFL
FFFA : Comment est la vie au Canada ?
M.R. « Pour ma part la vie au Canada à toujours été bonne. Malgré les blessures, la distance loin de la famille, j’ai toujours eu la chance d’avoir un groupe de support incroyable. Les gens ici sont authentiques, et j’ai toujours été accueilli à bras ouverts. Pour ce qui est du climat, c’est un petit peu plus froid l’hiver mais parfait l’été. »
FFFA : Et dans la ville où tu es ?
M.R « Je vis à Montréal mais pendant la saison de Football je suis à Vancouver, deux très belles villes. Pour ce qui est de Vancouver, c’est une ville au bord de l’eau mais également entourée par les montagnes. Il ne fait pas aussi froid qu’au Québec, l’hiver est un peu plus doux. Je me plais beaucoup ici. »
FFFA : Pourrais-tu nous parler un peu plus de ton club ? L’ambiance ? Les fans ?
M.R. « L’équipe pour laquelle je joue s’appelle les “BC lions” ou les lions de la colombie-britannique. Une équipe pour laquelle je joue ma deuxième saison cette année. Super ambiance, on est un bon groupe soudé et l’organisation s’occupe vraiment bien de nous. Tout le monde interagit et il n’y a pas de séparation, le fait que certains parlent français et d’autres justes anglais ne changent rien. J’ai mes coéquipiers américains qui me demandent de leur apprendre des phrases ou des mots en français, c’est toujours bonne ambiance. Les fans sont extra aussi, on a la chance d’avoir un des plus beaux stades de la ligue avec un toit qui peut s’ouvrir pour les games quand il fait chaud, ou se fermer quand le temps se refroidit. On compte en moyenne 20 000 personnes à nos matchs de saisons régulières, c’est un environnement incroyable pour jouer au foot. »
Maxime Rouyer #32 aux BC Lions face aux Alouettes de Montréal / CFL
FFFA : Quel poste/rôle occupes-tu ?
M.R. « Je joue comme Linebacker en défense, c’est la position que j’ai toujours eu depuis que je suis arrivé au Canada. Je suis aussi beaucoup utilisé sur les unités spéciales ce qui est une part importante de la ligue canadienne car ici on joue à 3 essais. »
FFFA : Peux-tu nous raconter une anecdote sympathique ?
M.R. « L’année dernière lors du début des camps de la CFL, je n’avais pas été resigner par Edmonton et j’attendais un appel qui ne venait pas. J’avais toujours envie de jouer et je ne voulais pas rester chez moi à attendre sans savoir, j’ai donc décidé d’aller jouer dans l’ELF aux panthères de Wroclaw en Pologne. J’ai connu une bonne saison, et j’avais encore l’espoir qu’une équipe CFL me donnerait ma chance. Et c’est ce qui est arrivé, lorsque notre saison s’est terminé en Pologne, j’ai pris un vol le jeudi suivant jusqu’à Montréal. Le lendemain, le vendredi soir, les Lions qui jouaient pour l’occasion à Montréal contre les alouettes m’ont fait venir au Stade, assister à la game et le soir même je remontais dans l’avion de l’équipe pour Vancouver. Je venais d’être signé par BC. C’est encore un souvenir très frais dans ma tête et surréaliste. Le timing était parfait. »
Maxime Rouyer #9 aux Panthères de Wroclaw en Pologne / ELF
FFFA : Que souhaites-tu apporter au football français en général avec ce que tu apprends ? As-tu l’ambition un jour de revenir ?
M.R. « Pour ce qui est de ce que je pourrais apporter au football français. Mon objectif serait d’organiser des clinics de coaching et/ou développement pour les jeunes. Je pense que tout commence à la source, que ce soit de donner l’envie à des jeunes de commencer cette discipline mais aussi que ces jeunes reçoivent un coaching de qualité dès le début, je pense que je pourrais avoir un impact sur ça. Je n’ai pas l’ambition de revenir m’installer en France (du moins dans l’immédiat) mais je rentre toujours quelques semaines pour voir ma famille. J’en profite toujours pour passer aux Pygargues (mon club formateur) pour leur donner un coup de main et encourager les jeunes. »
Maxime Rouyer donne visite aux Pygargues de Troyes
FFFA : Quels sont tes objectifs pour la saison en cours, pour la prochaine saison et pour ta carrière ?
M.R. « Les objectifs de cette saison sont bien évidemment de gagner le championnat, on a une équipe solide avec beaucoup de talent. À l’heure d’aujourd’hui, on fait parti des favoris donc on va continuer de pousser dans ce sens-là.
Pour ce qui est de mes objectifs sur le long terme, jouer aussi longtemps que je peux au haut niveau. Continuer de développer mes connaissances pour un jour laisser mon empreinte dans le football français. »
FFFA : Comment perçois-tu l’évolution du football français de ton côté ?
M.R. « Je trouve que le football français à beaucoup évoluer depuis que je suis parti et je trouve ça fantastique. La création du programme Global en CFL, l’international pathway de la NFL, l’arrivée des Musketeers à Paris en ELF permet de rajouter de la motivation pour tous les joueurs du territoire français afin de devenir pro. Il y aussi beaucoup de joueurs qui sont parti en Amérique du Nord ( Canada ou USA) et qui sont revenu avec des connaissances afin de les transmettre dans les clubs français. C’est un sport en expansion et j’espère que cela continuera de grandir en France. »
FFFA : Que souhaites-tu donner comme conseils à des jeunes français qui débutent et qui ont envie d’intégrer un championnat pro ?
M.R. « Pour tous les jeunes français qui aimeraient jouer au plus haut niveau, il n’y a pas de recette secrète. Le travail et l’engagement vont toujours être la base de tout succès. Mais un conseil que je peux donner: ne vous comparez pas aux autres. Inspirez-vous, utiliser le succès des autres comme motivation mais ne faites pas l’erreur de jalouser ou d’envier quelqu’un. Chacun a un parcours différent, donc faites vous confiance et persévéré. »
FFFA : As-tu un mot pour les fans de foot français qui te suivent ou qui le pourraient ?
M.R. « Pour les gens qui me suivent, c’est un honneur. Mon but est de représenter la France du mieux que je peux et je continuerais de le faire. Si mon parcours peut inspirer des gens alors j’ai déjà accompli une grosse tâche. Je suis une personne très accessible sur les réseaux donc si vous avez des questions ce sera un plaisir de vous répondre ou de vous aider ! »
Nous remercions Maxime pour le temps accordé et lui souhaitons le meilleur au Canada.