Ancrées dans le paysage du football américain féminin, les Lions de Bordeaux entament la saison sportive avec plus de 20 licenciées et une équipe prête à jouer partout en France ainsi que d’accueillir des étapes du Challenge Féminin. Rencontre avec Ludivine Le Goff, pilier du développement du football américain à Bordeaux et de la réussite du club.
FFFA : Comment est né le football américain à Bordeaux ?
Ludivine Le Goff : La section a été montée sous l’impulsion de joueurs seniors très actifs dans la vie du club, qui sont ensuite devenus les premiers coachs. Il reste une fille du projet initial. Plusieurs des filles venaient des Stunners, l’ancienne équipe universitaire de Talence. Il y avait aussi la section féminine des Kangourous de Pessac contre qui étaient organisées des rencontres avant de se retrouver dans un seul et même club, les Lions de Bordeaux afin de participer au Challenge féminin.
FFFA : Quel est l’état du club actuel ?
L.G : Nous sommes 22 licenciées aujourd’hui. Nous pouvons facilement être à 17 sur un week-end. Nous avons atteint notre total d’avant COVID où nous participions au Challenge féminin dans son ancienne version.
FFFA : Comment cela va se passer pour vous cette saison ?
L.G. : Les dates ont été dévoilées (cf lancement du challenge pour cette saison) où nous allons être volontaires pour accueillir. La Fédération a fait le choix de plateaux afin de faire jouer un maximum lors d’un même week-end et donc limiter les déplacements. Il y aussi bcp de joueuses qui découvriront la compétition cette année puisqu’il y a pas mal de rookies. Nous jouerons à 5 ou à 7 en fonction des effectifs déclarés à la FFFA. De plus, nous sommes incitées à réaliser des rencontres amicales avec d’autres équipes. D’autres équipes comme nous sont avancées dans le projet féminin comme les Valkyries de Tours (avec les Chevaliers d’Orléans), le Flash de La Courneuve aussi…
FFFA : Quelle est la solution pour développer le foot féminin et la compétition ?
Le problème aujourd’hui c’est que beaucoup de filles sont cachées. Il y en a souvent 2-3 dans les clubs, isolées. Et aujourd’hui il n’existe qu’un échelon, celui national. Il ne faut pas lâcher. Le format réfléchi par la Fédération est intelligent. Le plateau à 5 ou 7 permet de découvrir le foot américain pour les nouvelles avec les stratégies sans se préoccuper des coups de pied par exemple. Cela marche pour les jeunes. Cela fonctionne bien car l’objectif est d’enrayer la fuite des féminines qui ne peuvent pas pratiquer. Ce qui est intéressant aussi avec les féminines, c’est qu’il y a des anciennes. Ce public a envie de plus que des plateaux. L’offre est plus réduite. Il faut les convaincre à trouver de l’intérêt dans le football américain car elles sont un pilier du football américain féminin. Ici, il y a 3 ans nous étions 6-7 filles. Heureusement ce noyau est resté car nous les avons intégrés avec d’autres sections du club. Cela est important de l’intégrer car les postes sont évidemment les mêmes que chez les garçons donc nous pouvons mutualiser certains ateliers. Depuis quelques années nous avons un gain de 3 à 5 filles par an.
FFFA : Justement, comment tu fais pour recruter
L.G. : On a plusieurs canaux. Le bouche à oreille fonctionne très bien. Avoir un contact dans le club facilite l’intégration. Mais nous avons nos propres canaux de communication. Nous avons des liens avec la municipalité ou même la région. De plus, la Ligue NAFA joue son rôle pour nous aider. Nous organisons des journées de découverte. Les filles peuvent rester en voyant ce noyau solidaire et engagée.
FFFA : Et comment toi tu as découvert le foot américain ?
L.G. : Par exemple moi je cherchais un sport avec une amie… elle a testé le foot américain lors d’une journée découverte. Je l’ai rejoint et j’ai aussi adoré. Le foot féminin est comme le foot masculin. C’est le même sport. Chaque gabarit à sa place. La stratégie est tout aussi présente. Les équipements permettent de motiver des filles qui refusent le rugby car il n’est pas protégé. Nous avons d’anciennes rugbywomen qui viennent découvrir un autre sport. Nous avons des filles qui ont fait des sports individuels mais aussi des filles qui n’aimaient pas l’EPS et qui ne se considéraient pas « faites » pour le sport.
FFFA : Comment tu vois l’avenir du foot féminin ?
L.G. : Au sein du club, nous allons continuer nos actions de développement et de communication. Nous allons nous déplacer. Nous voulons aider les clubs qui ont une section féminine et aider la Fédération dans les moments de consultation. Nous voulons pousser les filles à continuer donc nous avons un rôle pédagogique à avoir. Nous voulons que dans 2-3 ans les choses aient bien évolué. Il faut savoir qu’avoir des féminines dans un club c’est souvent avoir des bénévoles, des arbitres et des motrices dans le Comité Directeur de l’association. On aimerait que les clubs poussent à ouvrir des sections féminines. Mais il faut surtout que les filles poussent les clubs à ouvrir et former les sections. Aux Lionnes nous avons la chance d’avoir un club qui pousse et des entraineurs motivés pour le foot féminin. De plus, la performance sportive féminine existe. Nous voulons une sélection nationale. C’est aussi à nous de pousser pour que les choses se fassent, avec le soutien de la Fédération.
Contactez les clubs près de chez vous afin de savoir s’il existe une section féminine ou si des conditions permettent aux féminines de venir s’entrainer. N’hésitez pas à contacter le club des Lions pour plus d’informations.