LE RÊVE AMÉRICAIN DE SIMON DALAISON, ÉPISODE 1. 

23 Nov 2023 | Cheerleading

Simon Dalaison réalise un rêve, celui de partir aux Etats-Unis vivre le cheerleading universitaire américain pour la première fois. Parti en août avec l’espoir de se tailler un poste de titulaire à Daytona pour 2024, la FFFA l’a rencontré afin d‘évoquer avec lui son arrivée et ses débuts à TVCC, une des universités américaines les plus côtées pour le cheerleading. 

FFFA : Première question Simon, où es-tu et comment tu vas depuis ton arrivée ? 

Simon Dalaison : « Je suis à Athènes au Texas. Tout va bien, je suis ici pour faire ce que j’aime donc tout va bien. »

FFFA : Est-ce que tu imaginais le Texas comme tu le vis ? 

S.D. : « Le Texas jouit d’une grande réputation remplie de clichés… qui ne sont pas tout à fait vrais. Cela reste un état très vaste. Je suis à 1h30 au sud de Dallas. Le paysage est très agricole. Ici 1h de voiture c’est comme 10 minutes de métro à Paris. J’ai eu l’occasion d’aller une seule fois à Dallas à mon arrivée. » 

FFFA : Comment s’est passée l’arrivée ? Tu n’étais pas trop perdue ? 

S.D. : « J’ai eu la chance de ne pas être trop perdu puisque je suis venu faire 3 jours pour les sélections, juste après les Championnats du Monde d’Orlando de l’année dernière. Le jour de mon arrivée, un des coachs est venu me chercher à l’aéroport… qui soit-dit en passant est trop grand, l’avion met une éternité à se garer . Il m’a conduit à Athènes sur le campus de TVCC jusqu’à ma chambre, que j’ai meublé un petit peu pour me sentir à la maison puisqu’il n’y avait pas grand-chose excepté le strict minimum pour vivre tous les jours. » 

FFFA : Tu es ici pour combien de temps ? 

S.D. : « Techniquement la saison fait 9 mois, et je suis ici pour une saison. À TVCC, à ce niveau de Cheerleading là, tu signes une saison après l’autre. »

FFFA : Est-ce que la différence de culture est difficile à vivre ? 

S.D. : « Il y a décalage culturel, mais les contacts que j’avais dans le cheer américain m’ont permis de mieux l’appréhender.Les relations sociales sont différentes ; en étant très doux, je suis vu comme le Français avec un franc-parler. Dans le sport américain, ils aiment ça donc tout va bien. Mon niveau d’anglais n’était pas mauvais en arrivant donc cela m’a bien aidé. Une fois dedans, tout va bien. Le plus dur est de retrouver les mots en français au téléphone avec les proches . » 

FFFA : Quand as-tu commencé le cheerleading en France ? 

S.D. : « Il s’agit de ma troisième saison de cheerleading. J’ai commencé juste avant le COVID où j’ai eu quelques séances pré et post confinement chez les Centaures de Grenoble puis 2 saisons aux Aigles de Meaux. » 

FFFA : Comment on découvre ce sport, encore plus quand on est un homme ? 

S.D. : « Généralement, le bouche à oreille est une raison de découverte de ce sport. Pour mon cas, j’étais entraineur de Gym dans une salle partagée avec une section Cheerleading. Pour faire connaissance avec les responsables du cheerleading, nous avions testé le sport de l’autre. J’ai été piqué de curiosité, j’ai essayé et j’ai aimé. Le mardi d’après j’ai renouvelé et je n’ai jamais arrêté. J’ai fait les deux au début mais pour le corps ce n’était plus possible. Je suis tout de même resté entraineur de Gymnastique de métier jusqu’à mon départ pour les US.

FFFA : Comment on s’inscrit aux Try out de l’université ? 

S.D. : « Ce n’est pas si officiel que cela. J’ai eu contact avec les coachs via les réseaux sociaux. Il est possible de s’inscrire mais les dates sont sorties au dernier moment ; 72h avant les sélections. Pour les internationaux, le meilleur moyen est de prendre contact avec les coachs si vous pensez avoir ce qu’il faut. » 

FFFA : Et comment cela fonctionne ?

S.D. : « Nous sommes des centaines à faire une audition devant les coachs. Cela s’est bien passé pour moi puisque j’ai réussi. C’est assez complexe même si les consignes des coachs sont simple. Ils te diront « fait de ton mieux avec 99% chance de réussite ». C’est à toi de juger ce que tu peux faire. Je suis passé dans les premiers donc je n’avais pas vraiment d’exemple devant moi pour savoir quelle était la meilleure chose à faire. Les coachs seront amplement plus satisfaits si tu passes avec des personnes avec qui tu n’as jamais pratiquéplutôt que des coéquipiers habituels. Ici, en large COED, lesstunts c’est du partner. Je n’ai eu que 10 minutes pour m’échauffer avec la flyer avec qui je suis passé. Qui d’ailleurs étaient en audition pour sa deuxième année. Les spotters sontdes athlètes sortant du programme. Il faut essayer de retirer toute pression ou du moins y être étanche, parler en anglais et se faire confiance. De plus, il n’y avait qu’un créneau en présentiel. » 

FFFA : Quelles sont les « épreuves » ?

S.D. : « Il y a 4 passages devant les coachs ; d’abord les sautsensuite le Stand Tumbling, le Running Tumbling et enfin le passage en Stunt. » 

FFFA : Comment as-tu réagi quand tu as appris que tu serais pris ? 

S.D. : « Le plus violent émotionnellement était pendant les sélections. En général, si tu es étranger et qu’ils t’ont sélectionné, les coachs te le font savoir juste après. Le but étant que tu puisses commencer tes démarches administratives au plus tôt. Sur le moment, je l’avais bien senti. Je savais que j’avais de belles chances avec ce que j’ai fait lors des sélections et les coachs l’ont confirmé. Donc au moment de l’officialisation par mail, ce n’était pas l’explosion puisque je le savais déjà. Le plus compliqué c’est de ne rien dire jusqu’à l’annonce officielle des résultats ! »

FFFA : Et tu connaissais les coachs avant ? 

S.D. : « J’ai eu l’occasion de croiser Vontae Johnson dans les couloirs de l’ESPN Arena lors des Worlds ICU en 2021. Comme tout fan boy, j’avais demandé un selfie. Il y a 3 coachà TVCC Vontae Johnson, Molly McLeod et Khris Franklin qui est juge conseil à l’échauffement des world ICU et IASF. » 

FFFA : Pour ceux ou celles qui ne connaissent pas l’Université Trinity Valley Community college alias TVCC, tu peux nous en dire quelques mots ?  

S.D. : « Si vous avez vu la série « Cheer » sur Netflix, vous connaissez. TVCC est l’université qui défie celle de Navarrolors de de championnat nationaux à Daytona. Les deux universités sont les deux têtes d’affiches du cheerleading universitaire de premier cycle. »

FFFA : Et donc tu es de nouveau étudiant ? 

S.D. : « Complètement. J’ai cours dans 1h et cela fait un peu bizarre à 26 ans . Cela a été une décision longue à prendre pour savoir si je revenais refaire des études. Ici, la condition sine qua none est d’avoir des bons résultats. Si les coachs voient que ça ne suit pas, on arrête. Ici, la méritocratie fait son effet. Les bourses correspondent au niveau scolaire et athlétique. Ces Scolarships sont des bourses universitaires, qui m’aide à payer l’Université. Je suis en 1ère année donc j’ai un tronc commun assez global. Je fais des dissertations, des stats et de la psychologie. » 

FFFA : Comment se sont passées les premières semaines ? 

S.D. : « La première semaine est difficile. Il faut prendre le rythme. Le bain de glace fait du bien. Sur le point de vue physique, il faut arriver préparer. J’étais prêt physiquement et mentalement, plus que certains américains d’ailleurs ! » 

FFFA : Tes proches te manquent ? 

S.D. : « Oui bien sûr, mais aujourd’hui avec les outils numériques cela permet de ne pas avoir totalement le blues de la maison. » 

FFFA : En tant que cheerfais-tu autre chose que les entrainements ?

S.D. : « Quand on est cheerleaders ici, on cheer pour beaucoup d’événements. Au moins 1 match par semaine mais parfois 2 ou 3. Notamment les matchs de Volley, de Basket et de Foot US. On scand beaucoup… et certains n’aiment pas, mais il faut le faire. On en fait vraiment beaucoup et cela prend du temps et de l’énergie. Pour ces évènements onpratique dans l’herbe et devant beaucoup de monde. »

FFFA : Est-ce que l’âge est un frein ? 

S.D. : « La moyenne des internationaux a entre 24 et 26 ans. Pour partir, il faut être sûr de soi, avoir les moyens financiers et avoir passé une certaine maturité. Ce n’est pas vraiment nécessaire mais ça aide beaucoup ! » 

FFFA : Comment s’organise ta semaine ? 

S.D. : « On a 100% l’occasion de s’entrainer 7 jours sur 7. Les infrastructures sont faites pour. 4 fois 2 ou 3h obligatoires, cela peut être matin ou après-midi. Les coachs font ce qu’ils veulent à partir du moment où l’on n’est pas en cours. Généralement aux Etats-Unis on a cours que le matin. Et parfois, l’entrainement est le matin… donc très tôt. On apprend à gérer notre corps différemment. » 

FFFA : Quelle est la finalité cette année de ton année universitaire ? 

S.D : « En NCAA, l’université fait une seule compétition, celle de Daytona. La première fois en compétition pour la routine sera le jour J. Il n’y a pas de coup d’essai. Oui, nous allons faire des représentations mais c’est tout. » 

FFFA : On imagine que t’as hâte ? 

S.D. : « Évidemment, c’est mythique. C’est différent des Worlds qui représentent le cheerleading mondial, mais Daytona c’est l’essence du cheerleading. Le cheerleading est une discipline universitaire américaine. Donc on ne peut pas être plus dedans ! »

FFFA : Sais-tu si tu es titulaire ?

S.D. : « Chez TVCC nous sommes 73 athlètes pour 2 équipes de 20 (Small COED et Large COED).  Au premier trimestre, il n’y a pas de place de titulaire ou de remplaçant. Mais c’est à ce moment que l’on commence à prouver si on a de quoi être dans les 20. »

FFFA : Ce n’est pas plus compliqué en tant que Français ? 

S.D. : « On n’a pas cette impression de prendre la place d’un Américain. Tu te rends compte quand même que certains ont déjà plus de 10 ans de pratique à haut niveau et cela se ressent dans leur attitude lors de la pratique. Je n’ai pas eu de jugement en tant que Français. Ici, seuls les actes comptent. Parfois même je pense qu’ils voient en nous tous les sacrificesque nous faisons, les étrangers, pour être ici. Pour la plupart, nous avons plaqué pas mal de choses pour arriver ici. »