LES BLEUS DE L’ÉTRANGER, ÉPISODE 2 AVEC VALENTIN GNAHOUA

30 Oct 2023 | Football Américain, Les Français à l'étranger

Deuxième épisode des Français de l’étranger avec un focus sur Valentin Gnahoua, formé aux Caimans avant de s’envoler pour le Canada. Aujourd’hui aux Tiger Cats de Hamilton en Ontario (Canada), Valentin nous raconte son aventure canadienne. 

FFFA : Bonjour Valentin, avant tout, comment as-tu découvert le football ? 

Valentin Gnahoua : « J’ai découvert le football à 16 et demi en regardant la NFL avec mon cousin lors d’une soirée télévisée. Nous habitions au Mans et nous avons cherché un match proche de chez nous. Il s’avérait que les Caïmans jouaient à 14h le lendemain. J’ai tout de suite adoré ! À tel point que je suis allé voir le coach après leur match et je me suis retrouvé à 19h le lundi sur le terrain pour m’entrainer avec le club. »

FFFA : Peux-tu nous raconter une anecdote ou belle histoire aux Caïmans ? 

V.G. : « Pour mon premier entraînement avec comme staff Romuald et Charlie Paviot, je n’avais pas de crampon… j’ai joué en Jordan et en Jean. Ils m’ont quand même donné les équipements nécessaires et me voici sur le terrain, prêt à jouer. J’ai même affronté un joueur de l’Équipe de France sur mes premières tentatives, c’était dur (rires). » 

FFFA : Comment s’est passée ton intégration dans le championnat français ? 

V.G. : « J’ai tout de suite adoré l’atmosphère. Il restait 3 mois dans le championnat que j’ai débuté. Je me souviens d’avoir commencé contre les Gaulois de Sannois. Sur mon premier jeu, je recouvre un fumble. Je me souviens que tout le monde me félicitait. »

FFFA : Mais tu jouais quel poste ? 

V.G. : « On m’a mis Defensive End. J’avais quelques notions à l’entraînement, mais j’ai tout découvert sur le terrain. Avec le temps, j’ai joué à tous les postes aux Caïmans. ». 

FFFA : Quel parcours as-tu eu en France ? 

V.G. : « J’ai fait école sport études. Je suis resté 3 ans et demi dans le championnat. J’ai aussi fait plusieurs rencontres internationales avec l’Équipe de France junior. J’ai même commencé assez tôt avant de de gravir les échelons dans le club et en sélection. »

FFFA : Puis à l’étranger avant d’arriver en CFL ? 

V.G. : « En effet, de mes 16 à 20 ans j’étais en Équipe de France junior et sénior en je termine avec une Coupe du Monde en 2015 où je suis repéré par l’Université de McGill. Cependant, j’ai raté mon bac et cela a retardé d’un an le projet. Finalement, j’intègre McGill à 20 ans. »

FFFA : Comment cela se passe à Montréal ? 

V.G. « Je fais un an là-bas et j’obtiens de belles statistiques. Le problème, c’est que je ne parle pas un mot d’anglais. J’ai dû prendre des cours. Enfin, pour les bourses universitaires, je n’avais pas assez. Je n’ai pas pu payer mon semestre 2. Je n’ai pas pu faire plus. ». 

FFFA : Quel était ton rapport avec le football étranger ? 

V.G. : « Pour être très honnête, je ne connaissais pas du tout la CFL avant de partir au Canada. Quand j’ai intégré McGill je jouais sur le terrain des Alouettes de Montréal et cela m’a permis d’en connaître un peu plus sur la ligue. » 

FFFA : Comment as-tu pu être repéré pour aller en CFL ?

V.G. : « Je suis rentré en France après mon semestre à McGill. J’ai ensuite fait quelques matchs aux Caïmans avant d’avoir ce que j’appelle un coup de chance. Victor Ferrier en GFL1 cherchait un DE pour les Rebels de Berlin. Il m’a appelé pour rejoindre l’équipe. Il s’agissait pour moi d’une première expérience semi-professionnelle. Dès la 1ère année j’obtiens de bonnes statistiques : 7 ou 8 sacks en 3 mois et 40 plaqués. L’année qui suit, je reviens dans le championnat français avec quelques rencontres avec les Blue Stars de Marseille avant de retourner en GFL. J’ai aussi eu la chance de faire les World Games en 2017-2018 en Pologne. La Fédération par Emmanuel Maguet m’a aidé en faisant les Combine de la CFL, j’ai été First pick overall du 2019 European CFL Draft (premier choix du repêchage européen au total) par les Tigers Cats d’Hamilton. Dès la première année je participe à la Grey Cup (Finale de la CFL) mais nous perdons ». 

FFFA : Avant de l’intégrer, comment percevais-tu cette ligue ?  

V.G. « Je ne connais pas grand-chose. Je la connaissais par Boris Bédé qui est un habitué de la CFL maintenant. Je l’avais côtoyé en Équipe de France lors des Championnats d’Europe. »  

FFFA : Comment s’est passée ton intégration dans la CFL ?

V.G. : « La première année fut difficile. J’avais manqué la préparation. Dès le Combine je me suis blessé. Je suis arrivé à Hamilton diminué. J’ai passé les 3 premières semaines sans jouer. »

FFFA : Comment est la vie au Canada ? 

V.G. : « C’était dur au début ! On prend un spot d’un Nord-Américain et il n’y pas beaucoup de place. Au début, c’était difficile il fallait vite prouver. Je voyais que ma place n’était pas du tout acquise, il faut constamment prouver. » 

FFFA : Et dans la ville où tu es ? 

V.G. « La ville n’est pas la plus attractive. Cependant il n’y a qu’un sport, c’est le foot américain. Dans la rue, on te reconnait. » 

FFFA :  Peux-tu nous parler des différences entre les deux championnats ? 

V.G. : « La vitesse est la grande différence. Ici, il y a des joueurs qui viennent de NFL. Ce n’est pas physiquement que je vois la différence mais plutôt dans l’exécution des détails. Techniquement et vitesse, on voit la différence. » 

FFFA : Comment cela se passe aujourd’hui dans la CFL ? 

V.G. : « Ce n’est pas la meilleure saison pour moi. J’ai débuté en signant en Agent Libre au Roughriders Saskatchewan avant d’être relâché. J’ai signé en ELF aux Musketeers puis j’ai finalement été rappelé par les Tiger Cats d’Hamilton en CFL pour intégrer la Practice Squad. L’inconvénient est que je n’ai pas de vidéo de moi cette année. » 

FFFA : Pourrais-tu nous parler un peu plus de ton club ? L’ambiance ? Les fans ? 

V.G. : « Les fans sont géniaux. Le stade est plein très souvent avec une affluence de près de 20 000 spectateurs avec un pic à plus de 25 000. Petit stade par rapport a d’autres »

Quel poste/rôle occupes-tu ? 

V.G. : « Je suis toujours D.E. D’ailleurs, en CFL les internationaux commencent toujours en spécial team. Il s’agit d’une règle de la CFL. Il faut donc toujours prouver, encore plus quand tu es européen. ». 

Que souhaites-tu apporter au football français en général avec ce que tu apprends ? As-tu l’ambition un jour de revenir ? 

V.G. : « L’ELF peut aider la France ! Je ne m’inquiète pas trop par rapport au Championnat. L’ELF permet aux Français de se faire voir puisque les ligues comme la CFL regardent ce championnat. Et je pense que nos Français ont leur place. Il n’y pas que le physique qui compte, il faut penser au mental. Ici, c’est un autre monde. Ici il faut prouver deux fois plus. Si un jour je reviens en France ? J’aimerais intégrer un staff. »

Que souhaites-tu donner comme conseils à des jeunes Français qui débutent et qui ont envie d’intégrer un championnat pro ?

V.G. : « Mon conseil serait de ne pas écouter les « impossibles ». Je dirais qu’il faut se concentrer sur le positif, croire en soi et surtout travailler. Il faut travailler plus fort que les autres. C’est quand tu « en as marre » qu’il ne faut pas lâcher. Je crois beaucoup, et c’est le cas ici, à la mentalité de Kobe Bryant. De plus, je dirais qu’il faut écouter son corps. Si tu es blessé alors prends soin de toi et va chez le kiné. C’est bête à dire, mais notre corps est notre outil de travail. Et il faut le préserver ». 

As-tu un mot pour les fans de foot français qui te suivent ou qui le pourraient ?

V.G. : « Merci pour ceux qui me suivent depuis longtemps. Merci pour ce soutien. Je vois les messages des jeunes qui prodiguent des conseils. Je réponds toujours. N’hésite pas, je réponds toujours je donne les conseils. ». 

Nous remercions Valentin pour le temps accordé et lui souhaitons le meilleur pour cette fin de saison au Canada et pour la saison suivante.